Papillon


Il vient, il vient, le papillon...
On change de peau chaque fois que quelqu'un nous raconte son histoire. On oublie d'où l’on vient. On ne sait plus à qui appartiennent cette tristesse, cette joie. On est parfois léger, on butine, parfois lourd comme une pierre. On écoute les ancêtres des gens chez qui l'on dort. On s'étend et l'on meurt chaque nuit. On se lève serein. On est seul et tout le monde à la fois. On tient l’immensité du bout des doigts, délicate comme une fleur de myosotis avec son parfum de don’t forget me. On change de pays à tire d'aile. On a de grands yeux et l'envie de grandir jusqu’au ciel.
Et quand le soleil se lève, on se rend compte qu’il fait partie du monde des terriens.



Il vient, il vient, le papillon
Il vient, volant ailes éployées.
Il vient sur les fleurs, il butine.
Qu’il soit heureux ! Son cœur s’ouvre !
Il est une fleur.
Poème aztèque


© Laure Morali, Traversée de l'Amérique dans les yeux d'un papillon, p. 13, Éditions Mémoire d'encrier, Montréal_2010

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