Un sablier ouvert des deux côtés



tremblements des rêves guides des jours je t’entends taper les petites frêles roses de notre jardin commun le temps d’une histoire qui redevient début les poèmes sont des touches de désir qu’on enfonce en soi pour rire et balayer les peurs de nos mains secrètes tu sais comme je reçois les jours dans le sablier des mondes notre première rencontre n’a pas eu lieu je voulais me rouler sur ta terre de mousses et d’aimées grandes bêtes j’avais besoin de cet espace pour partir avec nos jeux retourner à l’enfance aux petits poèmes qui bruissent dans le sablier du globe soleil flottement dans le ventre d’une mère le premier poème a grandi jusqu’à ce que l’on pousse des fleurs et des aventures les filles naissent dans les roses tu sais nous refluons aussi au cœur de boutons de fleurs nues à l’intérieur de vases bien ronds et moi j’ai vu de la vaisselle de faïence en pensant à vous ces derniers jours j'attendais patiemment une réponse à mon envoi qui ne viendrait jamais j’avais peur d’avoir été trop intime de vous avoir déçue en vous racontant que je n’habite pas dans la forêt boréale avec les baleines comme vous le pensiez je me sentais coupable d’avoir brisé votre rêve d’enfant avec mes histoires de vignes mal en point dans une courette de Montréal et je vous disais que pour mon troisième vase j’avais beaucoup le trac tu parles mais comme on s’en fiche hein de tout ça il fait froid c’est tout et j’ai besoin de poèmes d’eau dans les vases d’enfance dans le ventre des baleines je cours à la vie dans le vent des vagues je roule au premier chef d’une aventure qui hurle la liberté d’un fruit ah je vous ai fait faux bond pour notre vase nous n’avons pas de reste de miel pour nourrir les abeilles mais des jours et des jours à remplir de poèmes oui nous en avons encore à la force du souffle fort fort fort dans la dorure de nos corps perdus regarde comme tu te fardes de ces bleus nouveaux nous sommes devenus de l’enfance des beaux jours de souvenirs d’or liquide j’en ai plein les mains sous le soleil nouveau ce vase est un sablier sans fin ouvert des deux côtés maryse
le 25 octobre 2012
Aujourd'hui j'ai appris la mort de Maryse Hache, la jardinière d'un magnifique jardin de mots qui s'appelle Semenoir. Elle est aussi l'auteur d'Abyssal Cabaret, un texte très fort qui vient de paraître chez Publie.papier
Nous préparions un vase communicant ensemble pour le 1er novembre, avec les mots "territoire" et "espace" qu'elle avait choisis. Avec ces deux mots arrosoirs, j'irai dans son jardin.

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