Seven-Islands | 3è épisode


Une vague euphorisante   

nous marchions au pas du goéland qui nageait pattes repliées, les yeux sur les côtés, les mains dans les poches et le nez un peu en l’air, comme font les goélands quand ils nous regardent mine de rien, plus rien ne comptait que cette vague d’amour invisible sur laquelle nous surfions avec l’oiseau grand-père, nous ne pensions même plus à cet hôtel vue sur mer, près de la poissonnerie de la rue Arnaud, nous ne pensions qu’à éponger nos cœurs de leur allégresse contre des bois flottés, à rire par saccades entre deux grandes bouffées d’embruns, gorgés d’une tristesse dont les bulles avaient toutes éclaté pour se changer en joie, même nos chaussures trop fines pour le mois d’octobre de la Côte-nord nous paraissaient adaptées au flottement de nos pas, nous étions prêts à affronter le boulevard Laure avec ses garages et ses bars à machines à $, avec ses hôtels même pas vue sur mer et ses centres commerciaux en longueur, ses enseignes clinquantes et sa vacuité de jour férié, ses bureaux de briques désertés, ses 4 X 4 errant à la recherche d’une station essence libre service, nous marchions en zigzag comme si nous étions saouls, le goéland accroché à nos basques 
Le 15 octobre 2012

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