Le corps des forêts 10 | Une pensée



Lourd souffle naissant entre la terre, l'air et l'eau. S'approcher en silence du lac, les pieds dans la mousse, et sentir l'émotion des choses qui se transforment en esprit. Elles se fondent les unes aux autres et deviennent ce froissement d'air brûlant qui te déshabille malgré les épaisseurs de vêtements. Une intime confidence te pénètre, la joie d'un présent qui remonte des strates friables de la rive et des traces de pas de ceux qui l'ont foulée avant toi. Même un animal. Un vent. La chute d'un fruit. Juste une pensée qui se serait allongée là, au bord du lac. Un ajour dans la conscience du monde. La douleur fraîche d'être vivant ce matin. Se lever, les yeux froissés de rêve. Et vouloir crier tout l'amour que te fait porter la terre avec sa beauté périlleuse. 

1er octobre 2012

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