Une chaude poussière



À l’impérative question que l’auteur du Portrait du poète en soufi lança aux identitaires de tout crin : « N’est-il pas irremplaçable de connaître l’Autre par lui-même? », l’émir Abd el-Kader répond en belle énigme à plus d’un siècle de distance :
Qui suis-je si je ne suis pas toi ? Qui es-tu si tu n’étais pas moi ?

Sublime exergue pour cet avènement d’Apulée – du nom d’un esprit libre de la Numidie romaine, qui étudia à Carthage et à Athènes, et donna au monde un modèle du génie romanesque universel – en questionnement multiple autour de la notion pour le moins incandescente d’identité. On n’ignore rien des conflits ravageurs et des ostracismes que suscite cette dernière.

Hubert Haddad, "L'énergie des lointains"
Préface du numéro 1 de la revue Apulée: Les galaxies identitaires"



Une chaude poussière


Née à Lyon d’un père sépharade d’Algérie et d’une mère bretonne et vosgienne née à Anger, j’ai grandi en Bretagne dans une petite presqu’île bordée d’une mer émeraude et d’îlots. J’ai immigré au Québec après avoir passé du temps avec les Innus. Aujourd’hui, j’habite à Montréal où mes livres paraissent chez un éditeur d’origine haïtienne. J’ai deux passeports, canadien et français. Ne suis-je pas tout autant québécoise, algérienne, innue, bretonne et haïtienne ? Par combien de pays aurai-je encore la faiblesse de désirer être adoptée ? Je pense que je n’en aurai jamais fini d’être la fille de toute personne qui m’accordera un regard familier, la sœur de qui ne me posera aucune question et m’aimera sans avoir besoin de savoir d’où je viens ni où je vais. Ainsi l’ont fait les Innus dont le nom signifie « Êtres humains » quand j’ai frappé à leur porte la première fois. Mais quand bien même ils voudraient m’adopter que je ne pourrais prétendre à la « carte de statut d’Indien ». Le gouvernement du Canada ne permet pas aux Premières nations d’intégrer des personnes extérieures à leurs communautés — l’une des conséquences de la Loi sur les Indiens, toujours en vigueur depuis 1876 et dont l’objectif était de « tuer l’Indien dans l’enfant. » Selon cette Loi, les femmes jusqu’à 1985 perdaient leur identité si elles se mariaient avec un étranger. Les enfants nés d’un métissage étaient assimilés à la société dominante. L’un des plus grands tords que l’on puisse faire à un peuple pour l’empêcher de s’épanouir, de se renouveler : lui interdire de s’ouvrir en partageant son identité avec autrui. Le repli identitaire forcé ou assumé est une condamnation à se scléroser. Le seul ministère de l’immigration auquel j’aie jamais eu affaire chez les Innus est celui du monde des Ancêtres ou des Esprits qui m’avaient vue parcourir leur territoire en nomade.

À trente ans, je quitte sans raison apparente la Bretagne que j’aime pour m’installer au Québec. Je réalise, trop tard, que ma grand-mère avait trente ans elle aussi quand elle a quitté l’Algérie. Au même âge, nous franchissons elle, la Méditerranée, et moi, l’Atlantique. Une faille que j’ignorais porter se rouvre.

J’apprends encore que ma grand-mère ne s’appelle pas seulement Madeleine, mais aussi Taous, le Paon, et que le premier prénom de mon grand-père n’est pas Robert, mais Ruben. En arrivant en France, ils avaient abandonné une partie de leur nom en espérant être mieux intégrés. Certains mots disparaissent des cartes géographiques ou d’identité, au gré de l’histoire sans cesse réécrite. Peut-on passer sa vie à chercher un mot qu’on n’a jamais entendu mais qui pourtant nous manque ? Combien d’océans faudra-t-il traverser avant de te retrouver ? Il y a des histoires de femmes et d’hommes qui finissent par trouer la mémoire de leurs descendants.

« Le sang a son message » m’informe le poète

nous guérissons dans l’amour des poèmes
autour d’un thé à la menthe à chaude
voix, nous partageons le monde
sous les peaux des chèvres noires
les absents nous rejoignent
dans l’alphabet secret
des tapis brodés

Tamazight
femme terre
au corps écrit
dont tu sais lire
les plus intimes poèmes 
sur la hanche de Tamazgha
où poussent des fleurs de neige
où filent des sabliers de vent
à travers les métiers à tisser
la laine des moutons

j’ai été couvée sous les plumes
de grand-mère Paon
loin des fontaines chaudes de Khenchela
et de l’odeur du lait qu’elle barattait
dans la ferme de son père
Lazare, fils de Taous
et d’Anania

elle me dit :
« tu as gardé la lumière
du regard de mon père
qui faisait boire les étoiles
avec ses frères chaouis
dans la nuit des Aurès
à l’eau de leur voix. »
à l’eau de leur voix. »J'ai l'impression de connaître cette photo sépia depuis toujours. Lazare a coupé sa moustache trop court d'un côté. Il est digne. Et ce n'est pas le fait que sa cravate soit bien nouée. C'est son regard qui se tient droit dans la lumière, malgré les larmes dans les poches sous les yeux, malgré l'appel figé dans la gorge juste au-dessus du nœud de cravate — le silence des hommes qui se laissent engorger par leur tristesse. Je ne sais pas ce qui lui faisait si mal ce jour-là ni depuis quand. Il est beau, Lazare, même triste. « Mon père, il était bel homme », disait ma grand-mère. Je le voyais alors, jeune homme à travers ses yeux de petite fille, lumineux, pas abîmé par les soucis, parlant toutes les langues avec tout le monde jusque tard dans la nuit. Il parlait l'hébreu, le tamazight, l'arabe, le français. « Il savait beaucoup de choses. Peut-être même connaissait-il la Cabale », laissait planer ma grand-mère avec le sourire de quelqu'un qui veut garder son pécule de souvenirs heureux, ceux de l'époque où elle allait se baigner dans les sources après avoir baratté le lait, ceux d'avant la perte de la ferme. D'où me regardes-tu, Lazare Elbaz, Lazare le Faucon — oh oui, tes yeux, aériens et perçants — de quel instant de ta vie ? pour m'imposer, par-delà deux mers et un demi siècle, l'exigence de lumière.

De l’Algérie que je ne connais pas, je garde le goût de la grenade épluchée par mon grand-père. Il revenait du marché avec des fruits comme des petits soleils qu’il trimballait au fond de son cabas. Je regardais ses doigts habiles extraire de leur alvéole les graines gonflées de jus. En exerçant une pression des pouces sur cette gangue amère, il remplissait un ramequin de graines de grenade qu’il saupoudrait de sucre et me tendait une mosaïque de rouges et de roses que je dévorais sans considération pour la patience dont il avait fait preuve pour déposer la lumière de l’Afrique au fond de mon ventre.

Ma grand-mère, vers la fin de sa vie, disait qu’elle était africaine, comme sa mère, sa grand-mère, son arrière grand-mère des Aurès, des descendantes de la Kahina. J’ai aimé cette façon de se définir par un continent plutôt que par les frontières qui entourent un pays.

Mon grand-père avait perdu son pays et me le rendait chaque matin en me faisant boire le jus de l’orange sanguine ; gage d’une vie de nomade et de résistant, il m’offrait la terre dans un fruit.

On croit voyager. On prolonge simplement la route de ceux qui nous ont nourris. Mes grands-parents m’ont nourrie de fruits rouges, de pain azyme, de fèves, de pâtisseries aux dattes. Il égrainait la grenade et elle, la semoule. D’où leur venait cet art d’atomiser les formes pleines comme s’ils inventaient la cosmogonie d’un univers ? J’ai hérité de leur pilon de cuivre et d’un bracelet doré, un serpent à deux têtes.


Si l’enfance te prend
à la gorge rappelle-toi
mon nom

j'ai seulement ces lettres
en suspension dans l’eau
pour surveiller ton corps
tenir

des serpents en bracelet
une ancêtre à la dignité
de matrone lovée
autour de sa descendance
judéo-berbère et de l'autre
côté de la Méditerranée
la beauté d'une bretonne
qui n'avait de rivale
que la mer.


J’aurais aimé savoir dire : je suis française, je suis québécoise, je suis haïtienne, je suis amérindienne, je suis lyonnaise, je suis bretonne, je suis de là où je suis née, de là où j’ai grandi, de là où j’ai vécu… mais j’aurais toujours l’impression de mentir. On est de là où l’on a connu l’amour.

Ma mère m’a donné un prénom qui rappellerait à mon père l’une des plantes odoriférantes de son pays perdu, le laurier.

Avec ma grand-mère, je descends des Aurès. Je descends de l’amour, là où la terre est une fiction. Les pays n’existent que dans les parfums exhalés par la peau de gens qui expriment leurs sentiments à grandes brassées d’orgueil. J’ai été abreuvée à leurs yeux tristes et tendres, parfumée à leur eau de toilette à la lavande, bercée au mouvement de leur nomadisme, par les silences qui tournent autour de la parole que l’on fait couler sans repos. Je connais l’odeur des secrets aussi bien que le parfum des soucis. Sous son air dégagé, ma grand-mère snobe sa propre tristesse. Le poids de ses paupières et la senteur de jasmin sous ses robes à plumetis la trahissent ; un pays baigne sa peau.

On finit toujours pas aimer ce qui nous rappelle notre enfance. Les grands regards d’eau, et de pudeur. Les gens qui apaisent leur blessure avec de bons repas. J’ai la nostalgie de la terre. Et les gens qui sont viscéralement attachés à leur terre, comme ceux qui ont perdu la leur, me touchent. Ils souffrent du même amour, l’un au stade de la fusion, l’autre au stade de la séparation.

Est-ce possible de porter la nostalgie d’une terre qu’on n’a pas connue ? J’ai suivi un vieil homme prénommé Shimun dans les forêts du Nord sans comprendre aussitôt que si je me sentais en confiance avec lui, c’est qu’il ressemblait à mon grand-père. Shimun prenait soin de moi comme de l’une de ses filles. Il m’offrait du thé brûlant quand j’avais froid et m’apprenait à marcher sur les lacs gelés. Il m’appelait « Naur ». Un jour, une photo de lui s’est retrouvée à côté d’une photo de mon grand-père. La ressemblance était frappante. La même forme de lunettes, de moustache. Ils n’avaient pas vécu les mêmes guerres, mais ils portaient les mêmes silences entre les lèvres et, dans les yeux, la lumière tamisée que prend l’horizon entre deux éclaircies ; le sourire en coin des résistants. J’ai suivi Shimun dans son Nutshimit, ce vaste territoire de forêts d’épinettes, de rivières, de montagnes et de taïga, les yeux fermés. Mon grand-père m’avait donné son regard comme clef pour entrer dans l’horizon. Le monde qu’on arpente adulte se déplie à partir d’un petit mouchoir aux initiales brodées que traînent nos grands-pères dans la poche intérieure de leur imperméable au parfum de tabac, de lavande et d’anis.

J’ai grandi avec le sentiment de ne jamais pouvoir appartenir à une seule terre, pas seulement à cause de la mer qui entourait ma presqu’île d’enfance, mais aussi pour avoir été élevée avec des grands-parents et un père qui ne retourneraient jamais là, où ils sont nés.
Azul
Tamazgha
cinquante ans sont passés
qui m’ont paru cinq cents
depuis que nos milliers
d’histoires communes
ont été balayées
je ne te pleurais pas
je n’avais pas de larmes
ne te désirais pas
ni même t’espérais
tu avais simplement
été effacée de mon père
de sa mémoire, de sa langue
et de l’endroit de l’âme
que nourrit la terre.
Mon père disait n’avoir aucun souvenir de Tébéssa, sa ville natale, jusqu’au jour où il a écouté le poète Rabah Belamri lui dépeindre les paysages qu’il avait imprimés dans sa chair avant de perdre la vue en 1962. Guidé par les mots d’un aveugle visionnaire, le regard de mon père a « franchi la nuit » repeuplant les rues blanches de ses premiers pas.

Vivre loin de chez soi déroute. Personne ne reconnaîtra l’odeur de notre enfance dans ce nouveau lieu, pas même nous. C’est pourquoi nous avançons un peu courbés. Nous fonçons tête baissée à la recherche de notre parfum. Je cherche l’air salin et la lavande. L’enracinement est volatil.

L'homme assis dans la salle de conférence d'un hôtel du centre ville de Montréal a les jambes croisées. Ses yeux roux perdus dans le vague, légèrement mouillés d'invisible, semblent voir ailleurs… une mélancolie, un parfum de maison, une tendresse diffuse... pupilles perçantes de faucon sous des paupières lunaires... Il a le regard de ma grand-mère. Je mettrais ma main au feu que nous sommes issus de la même branche de femmes, là-haut. « Les femmes des Aurès sont incarnées, m'a dit il y a à peine un mois une poète kabyle, elles voient. » Il voit. Une très ancienne tristesse voile ses yeux. Un amour immense les inonde. Et cet amour n'a pas d'objet. Il baigne l'intérieur et parfois le noie. Forte de cette étrange certitude de parenté, je demande à l’homme le nom de sa mère. Il me répond : « Guedj », comme mon arrière grand-mère, et m’apprend que ce nom qui nous lie, par-delà les mers, signifie les Passeurs. Nous nous déclarons cousins.

Hannah Guedj était une « Passeuse » avant d’épouser Lazare Elbaz « le Faucon » avec lequel elle donnerait naissance à ma grand-mère Taous « le Paon ». Celle-ci épouserait un Morali, tombant comme de fait dans la famille des « Exagérateurs ».

Je crois que je n’arriverai jamais à me choisir une identité. Je me sentirais à l’étroit dans ce costume qu’on choisit trop petit, afin d’échapper au vertige de l'Univers.

Nos grands-parents nomades
ne nous ont transmis que l'amour
et les parfums enfouis
de la terre sous les robes
d’une femelle paon-faucon
paysage fou d’ancêtres
où je ne suis pas
cette radieuse paysanne
qu’un rien enflamme

rentre avec moi
on ne connaît pas
ce qui nous connaît
le chatoiement du laurier
l'ivresse de la grenade
le parfum miraculeux du figuier
la danse souterraine des dieux amers.
Une nuit, j’ai rêvé que ma peau devenait noire. D’abord mes mains, puis mes bras, et bientôt tout mon corps. Je reflétais la lumière. C’est le plus beau rêve de transformation que j’ai pu faire. Voler, à côté de changer de couleur de peau, n’est rien.

Un morceau de fleur rencontre un morceau de vent un morceau d'herbe un morceau de ciel... Le papillon perçoit le monde en mosaïque. Il possède mille yeux simples sur chaque globe oculaire. Son regard rassemble, en une symphonie de couleurs, nos vies d’errances. La différence n'est pas celle que l'on croit quand nos âmes scintillent du même flux.

Comment croire que nous sommes encore de quelque part ? J'ai des racines une seule croyance, celle de notre mémoire végétale. Pourquoi, à la place d'identité, si on a à l'employer pour faire valoir ses droits au respect, ne dirait-on pas « mon essence » comme on parlerait d'un parfum ? Mon essence d'iode de Bretagne et de sources chaudes des Aurès traversée d'un effluve d'épinette et de lacs bleus des forêts subarctiques avec un soupçon de vétiver... Le mot identité me fait mal à l'oreille. Il coupe et il restreint, tandis que tous les parfums qui me restent en mémoire se mélangent sans heurt dans mon essence mouvante. Papillon jusqu'à la nuit des galaxies.

On s’accroche à une identité par peur de mourir. La peur de l'autre, le refus de changer, c'est la peur de la mort. On s’attache à des racines, comme si on était des arbres de béton, pour ne jamais s'arracher au sol, pourtant ça arrivera, tout le monde retournera se fondre au soleil, notre unique patrie.

On s’habituera à la magie de l’aube
à sa roue qui se lave
dans l’eau de sa lumière
on finira soleil
son rêve
sa vision
comme lui
nous brûlerons
d’avoir trop brûlé

au pays de ciel et de cendres.
  
Le mot identité ne peut contenir tous les pays qui tremblent dans mon ventre.

L'identité est une tactique de guerre empruntée aux entomologistes : épingler les peuples sur la carte du monde, les séparer les uns des autres, diviser pour mieux régner.

L'identité est une invention visant à protéger un territoire fictif.

Si elle se définit par une volonté de ressemblance et d'appartenance à un groupe, l'identité ne peut se décrire qu'en se différenciant d'autrui, par comparaison. Son mouvement faussement ouvert au nombre est, dans le même élan, repli et exclusion.

« Il n’aurait pas des origines ce p’tit-là ? » La coiffeuse, les doigts dans l’épaisse chevelure de mon neveu. On ne parle presque jamais de son identité avec quelqu’un que l’on considère comme son semblable. L'identité sert à repousser l’autre au loin. Celui qui la nomme s'isole. Et se rétrécit.

Tu ne voudras pas de moi tant et aussi longtemps que je ne prendrai pas ton identité, toi qui m'accueilles sans me prendre dans tes bras ; je te renvoie à ton enfermement.

Ne pas avoir d'identité définie à part celle de son nom, souvenir d'une terre perdue, fait de soi une plante, une âme errante, un caméléon, une chenille déjà cocon, déjà papillon, déjà fleur, déjà vent, déjà pollen, déjà égrainage de secondes, déjà galaxie.

Nous sommes des plantes, des insectes, des étoiles. Tout à la fois.

Tu m'auras connue étrangère par renonce d’identité. Je trafiquerai ma mémoire. Ne jamais répondre à l’étiquette que tu me donnes. Te rappeler que nous étions d'une même terre, au-delà.
Nous serions plus forts ensemble
là où tu oublierais le nom
de ta mère qui pourtant
connaît l'abandon
à la lente nage
des raies manta

nous habitons la même eau.
On ne sait pas qui l’on rencontra demain, on ne sait pas ce que l’on deviendra demain. La seule identité que j'accepte est celle qui donne la liberté de se laisser transformer tout au long de sa vie selon les lieux que l’on traverse, les terres qui nous transforment, les gens qui nous transforment, les paroles qui nous transforment… L’identité flotte devant soi, promesse d'une autre habitude, une chaude poussière de mondes qui s’épousent.

Nous nous fondrons
aux autres galaxies
nous nous échouerons ailleurs
dans l’univers

et l’on nous trouvera hier
dans une pierre mate de lichens
souvenirs d’une poignée de pays

graines de planète
poussières d’étoiles
ou planctons.

Nous étions une pierre avant de voler en éclats.

1870, le Décret Crémieux. 1876, la Loi sur les Indiens. Les politiques d’assimilation forcée, issues des temps coloniaux, ont condamné des peuples à la solitude. Les répliques d’anciens séismes continuent de provoquer des secousses au cœur des descendants de ceux qui ont tu leurs blessures. Il faut parfois partir très loin de chez soi pour réaliser la perte d’une fraternité que l’on tente de réparer par une insatiable soif de rencontres. De l’autre côté de l’Atlantique, au nord du cinquantième parallèle, j’ai reconnu des gestes et des sentiments familiers, un sens de l’accueil et du partage, un esprit nomade, la joie du mouvement de la parole que l’on échange tout en accomplissant les gestes essentiels du quotidien. Les failles du passé se referment doucement en apprenant de l’Autre à devenir un peu plus humain. 




"Une chaude poussière" , Laure Morali
pages 233 à 239, revue Apulée, N°1,
"Les galaxies identitaires"
Hubert Haddad (dir.)
Zulma, Paris, 2016

Apulée n°1 — "Galaxies identitaires" — Éditions Zulma



Cette nouvelle revue annuelle de littérature et de réflexion initiée par Hubert Haddad s’engage à parler du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, loin d’un point de vue étroitement hexagonal, avec pour premier espace d’enjeu l’Afrique et la Méditerranée.

Avec ce numéro inaugural, c’est sur le thème des Galaxies identitaires que la revue Apulée entre en scène pour tenter d’en finir avec les enfermements idéologiques, les replis élitistes et les fanatismes aveugles. Et la création et la réflexion ont beaucoup à dire sur les identités…






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